DIEP-Reconstruction du sein

 

 

 

Les femmes ayant vécu la douloureuse expérience d’une mastectomie ou mammectomie (c’est-à-dire l’ablation de la glande mammaire, d’un fuseau de peau et de l’aréole) consécutive à un cancer du sein, réagissent de façon souvent différente. Dans la plupart des cas, elles se retrouvent effondrées, désemparées, dans une disharmonie qui ne permet plus d’être dans la symphonie du trio « corps-âme-esprit ».

Certains circuits de « prise en charge », tentent d’aider en nous disant, qu’avant toute chose nous devons être heureuse d’avoir été « sauvée » d’un cancer qui aurait pu aller jusqu’à nous tuer sans cette ablation, et que vivre avec un seul sein n’est pas une catastrophe en soi ! Peu de gens comprennent que ce n’est pas une question d’esthétique ou de coquetterie que l’on évoque en tant que patiente, mais que c’est juste le désir de finir sa vie « bien dans sa peau ». Je n’ai pu accepter ni la mutilation de mon être, ni de faire le « deuil de mon sein » comme on me le suggérait. J’ai choisi, durant cette traversée du désert de 7 mois, de « vivre à côté de mon corps » jusqu’à ma reconstruction qui est un choix tout-à-fait personnel car non obligatoire, l’utilisation d’une prothèse externe s’avérant suffisamment satisfaisante pour certaines femmes.

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La technique la plus pratiquée en France, reste l’implantation d’une prothèse artificielle en silicone, car c’est très souvent celle vers laquelle on nous oriente. Elles ont une durée se vie limitée, d’environ dix ans, bien que certaines femmes l’ignorent encore, mais, depuis l’affaire des prothèses PIP, de plus en plus de femmes réticentes, s’orientent vers d’autres techniques.

Sauf qu’un problème important existe pour trouver l’information complète. Alors que l’on se retrouve dans un état de faiblesse extrême, morale tout autant que physique, il faut passer des heures et des heures à naviguer sur Internet, pour tenter de glaner quelques renseignements au milieu d’un fatras d’informations, puis, dans un second temps, essayer d’en faire la synthèse soi-même !

Actuellement, en France, la technique la plus couramment proposée est le TRAM (Transverse Rectus Abdominis Muscle Flap), qui se base sur la reconstruction du sein à l’aide d’un lambeau musculo-cutanéo-graisseux, prélevé de l’abdomen de la patiente, mais elle implique le prélèvement des muscles abdominaux.reconstruction-mammaire-2-183342_L

Pour ma part, j’ai choisi la technique du DIEP (acronyme anglais pour « Deep Inferior Epigastric Perforator »), après avoir galéré deux mois à chercher l’info sur Google. Finalement, c’est ma médecin généraliste qui m’a envoyée vers le Professeur Dominique Casanova, Chef du Service de chirurgie plastique et réparatrice à l’Hôpital de la Conception à Marseille, qui pratique cette technique.

Utilisée dans le cadre des opérations de reconstruction mammaire depuis 1994 en France par le Professeur Lantieri et son équipe, cette reconstruction n’est pas encore très connue ni pratiquée, compte-tenu du très petit nombre de chirurgiens formés à cette technique, et de la nécessité d’un bloc opératoire particulier.

La technique raffinée du DIEP, variante ou évolution du TRAM, consiste à reconstituer le volume et les contours du sein en faisant appel à la microchirurgie.

Au cours de l’intervention, on dissèque un lambeau, fuseau horizontal de peau et de graisse dans la région abdominale sous-ombilicale, avec artères et veines, puis on le transfère au niveau du thorax, et on le garde vivant grâce à la reconnexion des vaisseaux abdominaux avec ceux de l’aisselle ou du thorax.

C’est une chirurgie longue (entre 5 et 8 heures) qui donne au sein une forme et une souplesse tout-à-fait naturelles, sans apport prothétique, puisqu’il est constitué des propres tissus de la patiente. La reconstruction est définitive et évolutive car elle suit les variations pondérales et les effets de la pesanteur comme le sein naturel.

La fermeture du site donneur engendre une cicatrice inférieure fine sur toute la largeur de l’abdomen, dissimulée dans la partie basse du bikini.

L’amélioration de la silhouette au niveau du ventre est un agrément, sans la nécessité, comme dans le TRAM, de consolider la paroi abdominale.

DIEPC’est le premier temps de la reconstruction mammaire complète qui comporte en outre, selon les désirs de chacune, une reconstruction de l’aréole et du mamelon avec, si nécessaire, une intervention sur le sein controlatéral pour améliorer la symétrie.

L’intervention s’adresse aux femmes non fumeuses, sans surpoids morbide, présentant un abdomen favorable. L’intervention très délicate avec des pertes sanguines qui peuvent être importantes, nécessite donc que la patiente soit en bon état général. Un bilan pré-opératoire très complet et un angioscanner des vaisseaux de l’abdomen sont réalisés avant l’intervention pour permettre la planification de celle-ci.

Il faut savoir que pour toutes les interventions, il y a des conditions de réalisation, des avantages et des inconvénients, différents. C’est au chirurgien d’orienter, dans la plus grande déontologie, la patiente vers la technique la mieux adaptée à son cas et à sa morphologie, même s’il ne pratique pas lui-même toutes les différentes techniques.

En milieu hospitalier public, les interventions d’excellentes qualités, sont entièrement prises en charge par l’Assurance maladie.

J’ai vécu le DIEP et j’en suis sortie avec une deuxième vie devant moi.

Cette opération assez lourde nécessite un « Virtuose du Bistouri », aux qualités humaines indéniables, et avec un mental d’enfer pour tenir sur une intervention aussi longue.

Christiane Mercier

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